Udre-Olik

jeudi 21 septembre 2017

IDYLLE ROUGE
 
Le chemineux s'est dit : “ Je veux
Cette jouvencelle aux cheveux
D'aurore blême ”.
Mais la jouvencelle a du bien
Tandis qu'est gueux, gueux comme un chien
Le gâs qui l'aime !

Et la belle, aux riches galants
Seuls ! ouvrira les rideaux blancs
De son alcôve ;
Elle course le miséreux...
Alors, par les chemins poudreux,
Le gâs s'ensauve !

Errant le jour, de ci de là
Il geint, et la nuit lorsque la
Lune pâlotte
L'éveille au fond de son fossé,
Laissant saigner son cœur blessé
Le gâs sanglote.

Dans l'ombre des vieux cabarets
Où le vin, des pichets de grés
A grands flots coule,
Il va se reposer un brin
Et, pour oublier son chagrin,
Le gâs se saoule !

Enfin, il vient de faire don
De sa raison aux femmes dont
L'amour s'achète.
Il va par les quais, triste et seul...
Le grand fleuve ouvre son linceul...
Le gâs s'y jette...



 

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